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Des phrases sur le bon Dieu
7 novembre 2012

Sur la parabole des talents

Dans la fameuse parabole des talents, ce qui entraîne le courroux du maître, ce n'est pas tant la négligence du serviteur que cette remarque qu'il lui fait: "tu es un homme dur". S'il est condamné, ce n'est pas à cause de sa défaillance, mais pour n'avoir pas voulu comprendre la bonté de son maître. Malgré tous les témoignages de confiance et d'affection, il s'est dit "mon maître est un maître, et tous les maîtres sont durs donc mon maître est dur". C'était un raisonnement compréhensible, sauf que le maître lui donnait de nombreux signes en sens contraire, cherchant avec beaucoup de délicatesse à le faire sortir de l'erreur de ce préjugé qu'il devinait chez lui, pour lui montrer que lui était différent de l'image que l'on se fait d'un maître et qu'au contraire, il voulait l'aimer, l'affranchir et le considérer comme son frère, dans une relation d'égalité, et même le servir, à cause de l'amour qui animait son coeur et lui inspirait ce genre de comportement. Lui, le maître, avait tout, et il n'avait besoin de rien de la part de son serviteur car tout le gibier des forêt lui appartenait et s'il avait faim, il pouvait bien se servir lui même. Tout ce qu'il voulait, c'était s'en faire un ami. Son coeur l'intéressait plus que ses prestations, c'était la miséricorde qu'il voulait, et non le sacrifice en lui même.

Mais le serviteur ne voyait pas, il ne réfléchissait pas. Il était sans réaction, froid et même pire: tiède. Il ne voulait pas renouveller ses idées, changer ses habitudes de pensée, se corriger pour mieux coller à la réalité des choses, il continuait à réfléchir à partir de lieux communs sur les maîtres, ne voyant pas que le sien était différent. C'est pourquoi il se disait "je dois faire trés attention à tout, car mon maître est un homme dur, exigeant et tatillon", et quand il était en sa présence, il osait à peine respirer, et si par exemple, il était en train de plaisanter avec un collègue et que son maître arrivait, il reprenait tout de suite un air sérieux, pensant que c'était là ce qu'il fallait faire, et que cela correspondait à sa volonté. A cause de tout cela, il respectait son maître, mais il ne l'aimait pas. Il préférait encore son chien car au moins avec lui, il pouvait être détendu sans gène et sans masque, exprimer en toute spontanéité le fond de sa personnalité. Bref, avec son chien il se sentait libre et vivant, tandis qu'en présence de son maître c'était tout le contraire. Tout cela, le maître le voyait et s'en désolait mais malgré ses efforts et les trésors d'ingéniosité qu'il déployait pour lui révéler les vrais sentiments de son coeur, rien n'y faisait: l'autre restait sourd, enfoncé dans ses habitudes de pensée. Le problème, en fin de compte, c'était que si le maître aimait le serviteur car il aimait toute chose, débordant d'amour dans son coeur, plein d'enthousiasme pour toute chose, plein d'élan, le coeur dynamique et plein de ressources, de répondant, voulant tout connaître et tout gouter bref, tout aimer en se liant à tout dans une alliance de paix, l'autre, lui, n'avait que de l'indifférence pour son maître. A la limite, même s'il lui arrivait de remarquer des comportements inattendus chez lui, il n'y prétait pas beaucoup attention, car l'amitié de son maître ne l'intéressait guère. Le coeur fatigué, il s'intéressait surtout à lui même et à ses petites affaires, et quand le maître lui disait "viens prendre un repas avec moi!" il répondait "est ce que je vais être payé?". Un jour où l'autre cela devait éclater. C'était ce fameux jour du bilan de la gestion des talents. Le maître avait institué cette tradition un peu comme les remises de prix à l'école. Son but n'était pas du tout de condamner qui que ce soit mais de récompenser les bons comportements, même dans les plus petits, et pour chacun il y avait quelque chose, car le maître, dans sa magnanimité, déployait des trésors d'imagination pour avoir toujours quelque chose à récompenser. A quelqu'un qui avait mis le feu à la cuisine, il avait remis le prix de la plus belle flambée du mois, à un autre qui avait embouti la voiture il avait remis celui de la meilleure rectification de carosserie de l'année. Mais malgré tout cela le serviteur, au lieu de faire comme les autres et de se taire en attendant de voir quelle genre de récompense le maître allait donner en suivant les sentiments de tendre amitié qui animait son coeur et lui faisait toujours minimiser le mauvais et exalter le bon, il dit, devant tout le monde "je sais que tu es un homme dur". Alors les autres commencent à murmurer "C'est vrai? C'est un homme dur? Aprés tout il a peut être raison, un maître qui se montre fraternel avec ses serviteurs ça ne peut pas exister, ce serait le monde à l'envers!" et tous les efforts que le maître faisait depuis longtemps pour révéler son coeur, et qui commençaient à porter du fruit bien qu'il en avait encore beaucoup à leur apprendre, allaient être ruinés par sa faute! Entrainant les autres serviteurs avec lui, il allait leur faire reprendre leurs vieilles habitudes de pensée, ils allaient redevenir génés en sa présence, et c'en était fini des joyeuses réjouissances familiales dans le grand domaine, entre le maître et ses serviteurs! C'est pourquoi il lui a fallu chasser le serviteur.

s'il avait dit "je reconnais que je suis un serviteur faible et incapable mais toi tu es un maître plein de clémence et de libéralité, qui n'aime rien tant que montrer son indulgence et faire largesse, de manière à ce qu'on te loue pour cela", les choses se seraient passées différement. Le maître aurait dit alors "à celui qui a rendu 10 talents donnez lui 10 autres mais à celui là, donnez en 100!

Mais la réaction du serviteur est la conséquence prévisible de sa négligence, car le talent que donne Dieu, c'est la connaissance de lui, au sujet de laquelle l'apôtre dit "je considère toute chose comme balayure comparée à elle". Donc, comme le serviteur n'a pas fait fructifier cette connaissance, il n'a pas connu Dieu, il en est resté à la perception naturelle de Dieu tel que l'homme se le représente quand il l'assimile aux détenteurs de l'autorité sur la terre, qui font sentir leur pouvoir.

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